Gestion des coléoptères en maraîchage

Gestion des coléoptères en maraîchage : bilan des projets Mabioco et PAMAL
Lors d’une conférence organisée dans le cadre du SIVAL 2024 par la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire, les résultats de deux projets destinés à développer des solutions adaptées pour la gestion des coléoptères en cultures légumières ont été présentés. Le projet Mabioco, ou maîtrise de la biologie des coléoptères, a étudié des approches alternatives pour lutter contre plusieurs ravageurs, notamment le dorifor de la pomme de terre, le criocer de l’asperge et les altises associées aux crucifères. Les essais ont porté sur divers outils tels que les produits naturels peu préoccupants (PNPP), les solutions de biocontrôle et la lutte mécanique. En parallèle, le projet PAMAL a exploré des solutions pour lutter contre les altises et les pucerons en associant des produits spécifiques, des protections physiques comme les filets anti-insectes, ainsi que des pratiques agricoles diversifiées telles que les plantes de service et les cultures associées.
Les altises, pour leur part, se sont révélées particulièrement résistantes aux solutions testées. Les rotations culturales, l’utilisation de filets et l’aspersion ont été les méthodes principales étudiées, bien qu’elles aient montré des résultats variés. Concernant le dorifor, plusieurs essais incluant des traitements réguliers de PNPP tels que des macérations d’ail ont été menés, sans pour autant fournir des résultats entièrement satisfaisants. De manière générale, bien que des progrès aient été réalisés, les différentes approches doivent encore être améliorées pour offrir des solutions plus efficaces et opérationnelles.
gestion des coléoptères en maraîchage : efficacité des filets anti-insectes et défis techniques
Les filets anti-insectes ont été identifiés comme une solution prometteuse pour réduire l’impact des coléoptères. Leurs performances ont été étudiées sur différentes cultures, notamment sur les altises, en mesurant les dégâts des insectes sur les feuilles. Plus la maille du filet est fine, plus l’efficacité observée contre les morsures est élevée. Cependant, les caractéristiques des insectes tels que les altises, capables de percer les mailles ou de contourner les protections, ont montré des limites à cette solution. Pour limiter cette problématique, ces filets sont souvent installés sur des arceaux, bien que cela ajoute un surplus de travail et de coût pour leur pose et leur manipulation.
Les filets posent également des contraintes logistiques et pratiques significatives. Les coûts d’achat, leur durée de vie limitée, et l’impact sur le travail au champ, notamment pour la gestion des adventices, compliquent leur utilisation. En effet, déposer des filets pour travailler la culture, puis les remettre en place, représente une tâche fastidieuse pour les exploitants. Pour répondre à ces limitations, des pistes de mécanisation de la pose et de la dépose des filets sont actuellement étudiées, avec pour objectif de rendre ces pratiques plus viables économiquement et moins contraignantes sur le plan opérationnel.
Potentiel des PNPP et limites rencontrées
Une autre partie de la conférence s’est consacrée aux biocontrôles à base de PNPP, en particulier sur les altises et le dorifor. Ces préparations naturelles peu préoccupantes incluent des extraits de plantes préparés sous diverses formes telles que la macération, l’infusion ou la décoction. Parmi les substances testées, des produits commerciaux comme le PIM+ ou des solutions maison telles que l’infusion de thym et l’infusion de piment ont montré des effets modestes sur les altises. Néanmoins, l’efficacité globale des PNPP reste à améliorer pour répondre aux exigences des exploitations agricoles et limiter les pertes économiques dues aux ravageurs.
Des essais complémentaires ont également exploré les huiles essentielles et le savon noir pour élargir le spectre des outils disponibles. Les résultats les plus prometteurs ont été obtenus avec l’huile essentielle d’anis et le savon noir, atteignant des taux de mortalité légèrement supérieurs à ceux des préparations végétales classiques. Cependant, ces solutions restent encore insuffisantes en termes de pratique opérationnelle, en raison de la biologie particulièrement résistante des altises, caractérisées par leur rapidité et leur cuticule très dure. À ce jour, le filet anti-insectes demeure la solution présentant les preuves de concept les plus solides, tandis que les essais sur les autres ravageurs, notamment les pucerons, affichent des résultats plus encourageants.