Nouvelles filières : venez découvrir la structuration des filières bambou, fleurs sauvages et fruits de la passion

Développement d’une filière de semences herbacées locales
Lors du SIVAL 2024, Vincent Roullois, responsable R&D de Nova-flore, a présenté les progrès réalisés dans la collecte et la production de semences herbacées d’origine locale. Nova-flore, implantée près d’Angers, se spécialise dans la création de prairies fleuries adaptées aux espaces verts, à l’agriculture et aux particuliers. Depuis une décennie, l’entreprise intègre systématiquement des plantes attractives pour les insectes pollinisateurs dans ses mélanges floraux. Ce travail repose sur des données obtenues via des expérimentations qui analysent l’interaction entre espèces florales pures et insectes.
La démarche consiste à collecter des semences sauvages dans leur milieu naturel. Chaque espèce est cultivée, multipliée et commercialisée uniquement dans sa région d’origine, conformément au cahier des charges de la marque “Végétal Local”. En 2024, Nova-flore dispose de huit sites répartis sur cinq régions écologiques. Une fois collectées, les semences sont triées, prémultipliées en jeunes plants puis cultivées en plein champ. Les récoltes permettent d’obtenir des volumes de semences nécessaires à la création de mélanges fleuris, destinés entre autres à préserver les pollinisateurs et soutenir la performance économique des projets agricoles.
Le bambou, une alternative durable et rentable
La société Horizom a détaillé une initiative axée sur le bambou en tant que culture durable au SIVAL. Le bambou, adapté aux climats tempérés comme celui de la France, répond à deux impératifs : l’augmentation des puits de carbone et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cultivé pour séquestrer du carbone et produire de la biomasse, le bambou offre une rentabilité attractive pour les agriculteurs, avec un revenu net moyen de 2 500 euros par hectare et par an. Sa faible sensibilité aux aléas climatiques et ses faibles besoins en intrants en font une culture résiliente.
Les débouchés du bambou incluent le marché des crédits carbone, où les entreprises achètent des crédits pour compenser leurs émissions, et le marché de la biomasse. Le bambou peut être utilisé pour produire des isolants, des panneaux de particules ou encore des substrats horticoles, offrant une alternative à l’usage intensif de la tourbe. Horizom accompagne les agriculteurs dans la mise en place de plantations de dix hectares en moyenne, les aidant à diversifier leur exploitation avec une logique de diversification des productions. La plantation commence à produire dès la cinquième année, avec une récolte annuelle renouvelable.
Exploration d’une nouvelle filière pour le fruit de la passion
La contribution de France Konjac lors du SIVAL a mis en lumière un projet novateur autour de la culture du fruit de la passion en France. L’idée est née dans le cadre du développement de la société pour associer la culture du fruit de la passion à celle du konjac, en exploitant les propriétés grimpantes du fruit pour créer de l’ombrage. Après des tests débutés en 2022, une variété adaptée aux conditions locales a été identifiée, permettant d’obtenir des fruits sans recours systématique à des pollinisateurs. L’objectif est de réduire l’importation massive de 7 000 tonnes annuelles de fruits de la passion en Europe, souvent transportés par avion, tout en diminuant leur coût environnemental.
La rentabilité et la viabilité de cette filière dépendent encore d’améliorations techniques, notamment dans la gestion de la pollinisation. L’approche vise également à rendre ces fruits plus abordables tout en structurant une filière locale basée sur une production sous serre et en complément de la culture principale. Une production nationale contribuerait non seulement à améliorer l’attractivité des métiers, mais aussi à répondre à la demande croissante de fruits exotiques en Europe.