Reconnecter l’élevage et le végétal spécialisé : un espace ressource pour accompagner les agriculteurs
Une enquête nationale sur les pratiques de reconnexion
Cette intervention, proposée au SIVAL 2025 par la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire et ASTREDHOR, a permis de mettre en lumière les pratiques actuelles de réintégration de l’élevage sur des exploitations en végétal spécialisé. Une enquête nationale menée auprès de 149 producteurs a révélé que 45% des répondants pratiquent ou ont pratiqué ces méthodes, tandis que 25% envisagent de les adopter. Parmi eux, la majorité travaille en arboriculture (39%) ou en viticulture (31%).
Les espèces animales choisies varient, avec une prédominance des ovins (50%), suivis des volailles et palmipèdes. Les motivations principales incluent la gestion de l’enherbement, l’amélioration de la fertilisation du sol, des économies en carburant, et une possible diversification des revenus. Cependant, certains freins subsistent, notamment la difficulté de trouver un éleveur partenaire, le risque de dégâts sur les cultures et la charge de travail supplémentaire induite par la présence du bétail.
Les projets de recherche sur les interactions culture-élevage
Des initiatives comme BrebisLink (2018-2020), Dépasse (jusqu’en 2022) et VitiPasto (terminé en 2021) ont analysé les résultats de ces pratiques. L’intégration d’animaux pâturant entre les rangs de vigne ou sous les arbres fruitiers s’est révélée efficace pour l’entretien des parcelles, réduisant le besoin d’intervention mécanique. Les volailles, en revanche, peuvent poser des difficultés en raison de leur comportement de grattage.
Des bénéfices économiques concrets ont été mis en évidence, notamment une réduction du nombre de passages mécaniques, pouvant générer une économie de 50 à 100 euros par hectare en arboriculture. En viticulture, ces pratiques modifient le calendrier des interventions sans réduire leurs besoins.
Sur le plan agronomique, l’impact sur le tassement des sols a été évalué. Dans les cas étudiés, lorsque les animaux étaient bien gérés, aucune dégradation significative n’a été constatée. Par ailleurs, les zones pâturées présentaient une meilleure diversité botanique et un taux de légumineuses plus élevé, contribuant à la fixation de l’azote.
Un espace ressource pour accompagner les agriculteurs
Pour aider les professionnels à mettre en place ces pratiques, un espace ressource dédié à la reconnexion de l’élevage et du végétal spécialisé sera prochainement disponible sur la plateforme GECO. Cet outil donnera accès à des fiches techniques, des témoignages d’exploitants et des guides réglementaires.
Les contenus couvriront divers aspects tels que l’adaptation des animaux aux cultures, la gestion des cycles de pâturage, ainsi que les précautions à prendre pour limiter les risques, notamment en matière de biosécurité et de compatibilité biologique avec l’agriculture biologique.
La cartographie des témoignages facilitera aussi la mise en réseau des agriculteurs, leur permettant d’échanger sur les pratiques et d’identifier plus facilement des partenaires. Un volet réglementaire clarifiera les démarches administratives et aidera les agriculteurs à structurer leurs projets sereinement.
INTERVENANTS
MELANIE GOUJON – Chargée de mission recherche et innovation en agriculture biologique – CHAMBRE D’AGRICULTURE DES PAYS DE LA LOIRE